À quelques jours de la deuxième édition de la Paulée de Beaune, le choix des beaunes premiers crus s’est imposé tout naturellement pour cette première dégustation de Femmes en Bourgogne. Les plus belles maisons de Beaune ont répondu à cet appel d’échantillons, prévenues que la dégustation serait à cent pour cent une affaire de femmes.
Jusque-là, rien d’original : des comités de sélection au féminin, cela existe, le concours Feminalise en est la plus belle des illustrations. Femmes en Bourgogne a voulu cependant y apporter une touche nouvelle : l’expertise dans le domaine du vin ne doit pas conditionner l’accès à la dégustation.
Les volontaires de cette expérience, qui ne sont pas des professionnelles en la matière, connaissent le vin à des degrés divers et sont assez largement représentatives de la société civile. On ne leur demandera donc pas, comme l’a écrit dans un grand moment de poésie Gérard Oberlé, de s’exprimer avec « la diarrhée verbale d’un sommelier ».
Studieuses
Le casting de cette première dégustation est le suivant : la directrice de Côte-d’Or tourisme Pascale Lambert, la responsable du nouveau master beaunois Wine and spirit de l’Inseec Marie-Charlotte Marion, la gérante du centre d’affaires Le Vermont à Fontaine-lès-Dijon Evelyne Bruillot, une enseignante, deux représentantes de l’agence de tourisme beaunoise Wine tour, Aurélie Gonçalvès et Lise Hyenne.
Pour inciter ces dernières à prendre les choses au sérieux, l’École des vins de Beaune que dirige Brigitte Houdeline (voir notre encadré) semblait fort justifiée. Son « amphi », équipé pour recevoir des groupes toute l’année pose les choses avec sérieux. On vient là pour apprendre aussi. Studieuse, la séance commence par un cours magistral de Jacky Rigaux, impressionné par l’écoute de son nouveau « fan-club ». Très vite, on se rend compte que le niveau de la sélection proposée (trois blancs pour une vingtaine de rouges, soit une juste proportion au regard de la production) est d’un très haut niveau.
Unanimement, il est admis que la totalité des vins présentés méritent leur appellation. Il a malgré tout fallu identifier les meilleurs flacons. Cinq ou six beaunes premiers crus se sont naturellement imposés : côté blancs, un Clos des Mouches 2014 de chez Seguin-Manuel et un Grèves 2011 de chez Jadot ; côté rouges, un Clos du roi 2012 du château de Santenay, un Clos des Fèves 2012 de chez Chanson, un Marconnets 2012 de chez Bouchard Aîné et fils, un Les Epenottes 2012 du domaine Parent à Pommard, et un savoureux Le Grèves 2013 du domaine de la Vougeraie. « J’ai appris beaucoup de choses sur moi-même », conclut l’une des dégustatrices. Pas faux, tant ce genre de démarche suppose d’aller au plus profond de soi.
Savoureuse école
Avoir de l’œil, du nez et de la bouche, cela s’apprend. L’École des vins de Beaune décrypte la complexité de la Bourgogne, enseigne les nuances entre « trouble » et « dépôt », explique ce que sont des « jambes », des « larmes » et des « pleurs » dans le langage œnologique.
D’une attaque molle ou franche à la longueur en bouche en passant par l’acidité ou le sucré d’un vin, rien n’échappe aux intervenants de l’École des vins de Beaune que dirige Brigitte Houdeline. Rien, même pas la notion de terrain, puisque selon les formules et le niveau de connaissance, la leçon se poursuit dans les secrets d’une cuverie ou dans le confort d’une bonne table où l’on découvre les subtilités des accords mets et vins, voire face à la butte de Corton, la sublime lecture en 3D de nos vignobles.
Une école buissonnière en quelque sorte, puisqu’elle invite à la découverte.
École des Vins de Bourgogne
6, rue du 16e Chasseurs, Beaune
Tél. : 03 80 26 35 10www.vins-bourgogne.fr