Ma coéquipière Audrey Deroin, « Dada », est arrivée cet été au CDB. Le choix de carrière de cette internationale (plus de 100 matchs en équipe de France !) a été motivé par deux critères : le projet attrayant du club et une volonté farouche de reconversion dans la sommellerie. L’occasion d’un entretien de présentation avec, en bonus, la rencontre de Philippe Meyroux, président des sommeliers de Bourgogne.
Par Léa Terzi, capitaine du CDB
Photos : Christophe Remondière sauf mention contraire
Dada, comment ça se passe au CDB ?
Vraiment bien ! J’ai d’ailleurs prolongé mon contrat d’une année. J’ai pu créer de vrais liens avec tout le monde. Il y a une super ambiance malgré nos résultats parfois aléatoires. Je reste persuadée que le CDB peut faire quelque chose de vraiment bien dans les années à venir. Être européen serait génial ! J’y crois, c’est le projet mis en place par le club sur plusieurs années.
Et à Dijon ?
J’ai été agréablement surprise par la ville. Son côté médiéval lui donne plein de charme. Mais surtout, je comprends mieux pourquoi on parle de Cité de la gastronomie ! Je suis une vraie épicurienne, du coup j’évite de trop aller en ville pour ne pas craquer dans tous les commerces : pâtissier, chocolatier, traiteur, cave à vin… J’ai d’ailleurs entrepris des études dans l’hôtellerie-restauration car je veux devenir sommelière. Travailler dans le milieu du vin plus tard serait un rêve !
Tu dois tester un maximum de choses, alors !
Oui ! C’est un sacré objectif que j’ai avec ma grande amie Noura Ben Slama, notre gardienne. On aime découvrir de nouveaux restaurants. Il y en a tellement… Avec les filles, on aime aller à l’Epicerie ou à la Dame d’Aquitaine. J’avoue que j’ai un faible pour DZ’envies, place du marché : mon compagnon est cuisinier là-bas !
Que retiens-tu de ta première venue ici ?
Je me souviens très bien de la première fois où je suis montée à Dijon en voiture. J’ai cru que j’étais dans un film ! Tous ces grands noms de vins de Bourgogne qui défilaient sous mes yeux… beaune, nuits-saint-georges, romanée-conti, montrachet… Je savais tout de suite que j’avais fait le bon choix en signant au CDB.
Cette réputation a pesé dans ton choix de carrière ?
Oui, car je mène un double projet : d’abord au handball, où j’ai de gros objectifs personnels et collectifs. La politique sur le long terme m’a complètement séduite. J’ai envie de faire partie de cette aventure. En parallèle, je mène un projet de reconversion. Ayant joué plusieurs années dans le sud-ouest, je connais un peu mieux les vins de cette région. Venir jouer ici était aussi un moyen de découvrir les bourgognes.
Burgundy, the place to be ?
On peut dire ça ! Je suis en bac pro hôtellerie-restauration au lycée Saint-Bénigne. Je suis un cursus sur une année au lieu de trois, car j’ai déjà un bac+3 et je suis dispensée des matières générales. Ici, j’ai tout pour réussir ma reconversion.
Facile de gérer une vie de sportive de haut niveau et un cursus scolaire ?
Le rythme est soutenu mais je ne manque aucun entraînement, mes cours sont bien aménagés et je travaille à la maison. De même pour les stages en entreprise : les établissements comprennent mon statut et sont arrangeants. Je suis actuellement au Campanile de la Toison d’Or, cela se passe très bien.
En quoi obtenir ton diplôme est-il primordial avant la fin de ta carrière ?
Une fois le handball terminé, je serais en mesure de me consacrer entièrement à ma passion et surtout passer une mention complémentaire en sommellerie. Une formation très intense, qui n’est pas compatible avec le sport de haut niveau.
Comment est venue ta passion pour le vin?
Assez tardivement, en fait. Mes parents en ont toujours dégusté, donc je pense que cela vient un peu d’eux. Avant j’aimais boire du cabernet sauvignon, du tariquet ou des rosés de provence à l’apéro. Puis on m’a fait goûter un pomerol château Bellegrave 2005 en rouge. J’ai adoré et j’ai eu le déclic ! J’ai voulu apprendre à déguster, comprendre le vin. J’ai d’ailleurs commencé ma cave avec cette bouteille. Maintenant, j’adore découvrir les différentes régions viticoles et comparer. Mes amis m’ont offert une superbe cave à vins pour mes 25 ans, depuis je ne fais qu’acheter du vin et aller dans les foires pour découvrir de nouvelles choses.
Pourquoi sommelière et pas négociante ?
J’adore accorder le vin avec ce que je mange, c’est un vrai régal. Puis, j’aime ce côté transmissible, éducatif. Il m’arrive de conseiller les gens sur quel vin boire avec tel plat. Mon rêve, c’est d’avoir un restaurant où je serais maître d’hôtel et sommelière. Aller dénicher des viticulteurs inconnus, proposer leurs vins à ma carte… Ce serait génial !
Passage obligatoire : ton bourgogne préféré ?
Je suis plutôt blanc, alors je dirais un bon meursault ou savigny-lès-beaune.
Pour finir, le meilleur accord mets et vin?
Ça ne va pas plaire aux Bourguignons mais je ne m’y connais pas encore assez… Alors je reste sur une valeur sûre : côte de bœuf, frites maison accompagnées d’un bon pessac-léognan type Château de Rochemorin.
Rencontre avec Monsieur le président
La passion sincère pour la gastronomie et les vins de Bourgogne ne devait pas rester sans récompense. Aussi, Femmes en Bourgogne a joué le « go-between », comme disent les gens biens, entre Audrey et Philippe Meyroux, le président des sommeliers de Bourgogne. À la clé, une rencontre très enrichissante dans sa jolie maison d’hôtes à Ruffey-lès-Echirey : formations à suivre, qualités requises pour être un bon sommelier, les contraintes aussi… Audrey y a découvert tout un écosystème très actif sur la région, notamment via l’Union des sommeliers de France. Nous avons, bien sûr, passé un agréable moment de dégustation dans la cave de Philippe Meyroux. Dada a même eu droit à un petit cours particulier. De quoi devenir une experte, en caves comme sur le parquet !