Laurent Hennebelle est « psyliste ». Un métier hybride entre stylisme et psychologie, qu’il exerce avec passion depuis deux décennies au centre-ville de Dijon avec Showrooms et, plus récemment, la boutique Le 4. Portrait d’un commerçant pas comme les autres.
Par Andrea De Cesaris
Photos : Enola Dovetta / Jonas Jacquel
Il fut un temps tenté par la justice avant de se lancer dans la mode, sa vraie grande passion. Son passage en prépa HEC et à l’école de commerce de Dijon n’y changeront pas grand-chose : Laurent Hennebelle conclut ses études avec un diplôme de l’Institut français de la mode. Nous sommes en 1992, le jeune homme de 24 ans partage sa vie entre Paris, où il est conseiller en image, et Dijon avec la gestion de Showrooms, rue de la Préfecture. Un petit jeune déjà novateur sur la ville. Showrooms, « boutique hors-norme », s’impose vite comme un concept store où le vendeur est avant tout un conseiller personnel en image. « Vendre pour vendre n’a jamais été ma philosophie, tranche le commerçant. L’idée a toujours été d’accompagner nos clients sur la durée, de réfléchir avec lui sur ce qui lui permettra d’être à l’aise. » En d’autres termes, de ne pas céder aveuglément aux marques « tendances », et trouver simplement un vêtement qui respecte la personnalité et la morphologie du client. Ainsi fonctionne le psyliste.
LE 4 POUR FRNCH
L’approche porte tellement ses fruits que Laurent se retrouve à l’étroit. Direction rue Verrerie, en 2011. Un chouette endroit qu’il occupe encore, pour son plus grand bonheur : « C’est un écrin où le confort est optimal. Nous pouvons y prendre le temps nécessaire pour échanger, souvent bien au-delà des problématiques vestimentaires. » De quoi cultiver une image élitiste, même involontairement ? Notre homme avoue ne pas avoir la réponse, mais certifie que « chacun est le bienvenu. Tout ce que nous souhaitons, c’est valoriser une clientèle, féminine comme masculine, à la recherche d’un produit qualitatif qui lui correspond vraiment. »
Dans le prolongement de cette philosophie, il a ouvert à l’automne dernier Le 4 (voir pages 12 et 13). Le tout Dijon était présent pour découvrir cette enseigne de la rue Quentin, « créée pour accueillir les collections de la marque Frnch, que j’apprécie particulièrement ». Laurent Hennebelle travaille en effet depuis plusieurs saisons avec cette maison et a souhaité ouvrir un lieu qui lui soit dédié pour « amener une clientèle nouvelle, soucieuse de la qualité ». Le psyliste est ainsi, il fuit l’uniformité pour faire l’unanimité.
DU MIME A LA CLOSERIE
En 1992, l’association Mod’Emoi, qui a mis à l’honneur la mode à Dijon à travers un concours européen de créateurs, c’était déjà lui. Laurent Hennebelle a toujours été un créateur d’événements. Celui concocté le 2 avril à la Closerie, le bel établissement d’Isabelle Gorecki, rue Sainte-Anne, promet d’être particulièrement remarquable. « L’idée est de réaliser une performance artistique et d’établir une autre façon de vivre la mode et de la transmettre. Notre objectif est de réveiller tous les sens », dit avec une certaine poésie l’organisateur. Avec l’Agence 24 de Karen Patouillet, il a voulu « (se) remettre en cause et créer un défilé qui n’en soit pas un », non sans l’expertise technologique et vidéo de l’agence 5 majeurs de Stéphane Bescond. Cette somme de savoir-faire a mis ainsi en valeur non pas des modèles classiques mais bien « des sujets qui font passer une émotion. Nous sommes plus proches du théâtre et du mime que du défilé classique ». Le but ? Ramener le vêtement à son rôle premier : « Révéler les personnalités. » Femmes en Bourgogne, partenaire média de l’événement, a donné l’occasion à quelques lectrices privilégiées d’y participer. Retour en images :