Formée au travail du cristal, Johanna Daviot a développé sa fibre du verre au point d’être une pièce majeure des réalisations de Sodiver, miroiterie dijonnaise qui compte et sur laquelle on peut compter. Portrait.
Au milieu des postes automatisés, Johanna Daviot a préservé son petit pré carré. L’atelier façonnage, c’est son univers. À l’écart des grosses unités, c’est ici qu’elle continue de façonner, de biseauter, de coller… à la main : « C’est vrai que le numérique prend chaque jour un peu plus de place, tout ce que je fais à la main est aujourd’hui remplacé par des machines, mais ce savoir-faire manuel, j’y tiens », affirme d’emblée cette jeune femme formée à Yzeure, dans l’Allier. Lycée Jean Monnet, l’École nationale du verre, le nec plus ultra. L’aboutissement d’une passion très lointaine : « Je devais avoir 6 ans lorsque j’ai vu à la télé un épisode de C’est pas Sorcier. Tout est parti de là. Le dessin que je pratiquais à haute dose m’a aussi beaucoup aidé dans mon parcours. »
LE CAP DES DIX ANS
Son brevet des métiers d’art « tailleur graveur sur cristal » en poche, Johanna décide de multiplier les expériences pour aller encore plus loin. Elle est partie en Allemagne, a parcouru la France, rencontré des souffleurs de verre, appris la peinture sur verre… Pour atterrir à Dijon, en 2005, et pas dans n’importe quelle maison : Sodiver, une miroiterie familiale implantée là depuis 1850. Elle n’en partira plus : « C’était dans la même idée, je voulais voir autre chose que le cristal, avec le sentiment qu’il y aurait plus de débouchés dans le verre. Puis, cela reste une matière noble, passionnante, que l’on peut façonner de mille manières. » Mais la miroiterie ne suppose-t-elle pas une marche à suivre précise pour les clients et des inspirations étouffées ? Que nenni, selon l’experte : « Mon quotidien n’est jamais le même. J’apprends tous les jours. Je dis souvent qu’on devient bon dans un métier manuel au bout de dix ans, jamais avant. Ça y est j’y suis ! »
MADE IN IZEURE
Johanna a donc appris la miroiterie sur le tas, au milieu des anciens, ces « papas de l’entreprise », dont certains sont là depuis trente ans. Un monde majoritairement masculin « dans lequel elle a vite trouvé sa place, se satisfait Matthieu Gauthier, son patron. Au risque de froisser gentiment ses collègues masculins, je dirais qu’avoir une femme à ce poste de façonnage est un plus. Elle a sans doute une sensibilité plus artistique, un esprit plus déco qu’un homme, un peu plus de minutie aussi. »
En dix ans de boite, Johanna Daviot a pris du grade. Elle gère aujourd’hui le parc de machines de l’entreprise et les stocks de pièces. Bref, c’est une femme à responsabilités, qui sait aussi transmettre son savoir-faire comme auprès de cette apprentie qu’elle encadre actuellement au sein des ateliers Sodiver. Une jeune femme formée, comme elle, au lycée Jean-Monnet d’Yzeure. Comme on se retrouve !
ET POUR LA MAISON
Vingt-cinq personnes s’affairent ici dans les ateliers de Sodiver. Une entreprise créée en 1965 qui rayonne sur toute la Bourgogne-Franche-Comté, héritière d’une tradition familiale dont les premières traces remontent à 1850. « Notre force, précise Matthieu Gauthier, c’est notre capacité d’adaptation, notre réactivité aussi bien pour les pros que pour les particuliers. Le verre a toujours eu beaucoup de crédit, on peut faire des tas de choses, du sur-mesure à volonté ou presque. » Ce matériau noble, qui résiste au temps, se marie à merveille au bois, à l’acier. Il a aussi, comme les autres, évolué au gré des tendances : « En ce moment, ce sont les châssis d’ateliers qui ont le vent en poupe. Nos clients les utilisent de plus en plus pour créer un esprit loft, en cassant une cloison entre la cuisine et le salon. » Le verre a en effet le grand avantage de servir les tendances contemporaines, comme « la réalisation de plateaux de tables ou des crédences de cuisine, grâce à des verres anti-rayures très efficaces ». Idem pour la salle de bain, où le verre anticalcaire, « très utile dans nos régions », facilite l’entretien et améliore le vieillissement. Avis aux fans des travaux…