Un événement a bouleversé leur appréhension de la société et leur condition d’adolescente. Du drame mondial à la blessure la plus intime, neuf jeunes du Collège et Lycée Carnot de Dijon témoignent, avec parfois un brin de candeur, de cette construction intérieure nouvelle, entre désillusion et ouverture d’esprit.
Une sélection de la rédaction / Photos : Christophe Remondière
L’autobiographie de Malala Yousafzai a changé ma façon de considérer la lutte pour les droits des femmes. Cette adolescente pakistanaise est devenue la plus jeune lauréate du Prix Nobel de la Paix parce qu’elle a défendu ses valeurs et ses convictions. Elle a risqué sa vie chaque jour car elle voulait aller à l’école, a reçu des menaces de mort après avoir osé dévoiler au monde la loi imposée par les talibans dans son pays ; on lui a mis une balle dans la tête parce qu’elle a revendiqué son droit d’apprendre le théorème de Pythagore et de savoir ce qu’est un oxymore… Cet épisode aurait pu lui coûter la vie, il l’a rendue plus forte. Le jour où j’ai lu ce livre, j’ai compris que rien n’était acquis, que des milliers de filles et de femmes dans le monde n’ont pas les chances que nous avons et que la lutte de Malala est essentielle si nous voulons permettre aux femmes d’agir pour contrôler leur destin.
Alizée, 1ère S

Lola, terminale ES
J’ai été particulièrement affectée par la persécution du peuple Rohingyas en Birmanie, après avoir visionné des vidéos sur les réseaux sociaux. J’ai été heurtée par l’inaction de Aung San Suu Kyi, dirigeante du pays et… prix Nobel de la paix. Cette situation perdure depuis des années, pourtant je n’en ai jamais entendu parlé. Je trouve qu’il y a eu un non traitement médiatique. C’est aberrant pour moi qu’en 2018, des massacres aient encore lieu sans que la communauté internationale ne réagisse. Nous ne parlons pas de quelques personnes mais bien de 700 000 Rohingyas. Ce peuple est victime de viols, de massacres, d’expropriations… Il y a quelques mois, grâce à la Love Army, une agence humanitaire composée d’influenceurs comme Jérôme Jarre, Omar Sy et des personnalités du web, cette cause a pu être répandue dans le monde entier. Ils ont montré au grand jour le cauchemar que cette ethnie subit et générer plus de 2 millions de dollars de dons. Tout ça ne tient finalement qu’à peu de choses…
Anaïs, classe de 2nde

« Les petites choses n’ont l’air de rien, mais elles donnent la paix. »
Auriane, 1ère L
J’ai toujours essayé de me détacher de l’actualité, de mettre une distance entre moi et le monde. Il y a trop de misère pour me laisser toucher par tout ce qui arrive. Mais il est des informations qui ne peuvent vous laisser de marbre.
Ça m’est arrivé un jeudi soir de vacances. Envoyé Spécial diffuse un reportage sur l’Erythrée, pays d’Afrique dont je n’avais jamais entendu parler, que je découvre comme lieu d’une liberté d’expression mutilée. Si en apparence le pays n’a rien d’une dictature, le reporter nous apprend qu’il a mis deux ans pour pouvoir accéder à la capitale et son voyage se fait accompagné d’un membre du ministère. Les Erythréens interrogés font tous le récit d’un pays où ils s’épanouissent et mènent une belle vie, forcément. Peu se risquent à témoigner contre le gouvernement… À la découverte de ce pays je ne peux que me sentir révoltée mais aussi impuissante. Ceux qui le fuient ne font que saisir leur droit de vivre et notre humanité doit nous pousser à les accueillir inconditionnellement. Je suis attristée que la situation de ces pays, où la situation est si grave, ne soit pas plus relayée. Cela contribuerait sûrement à ce que la population ressente plus de compassion envers les migrants et moins de peur.
Léa, terminale ES
En juin 2017, j’ai été très surprise de voir des journalistes à proximité du Palais de justice de Dijon. J’ai voulu en savoir plus et suis tombée par hasard sur un reportage qui relatait 32 ans de cauchemar juridique : l’Affaire Grégory. Le 16 octobre 1984, ce petit garçon est retrouvé dans une rivière, pieds et poings liés. Ce soir d’été, en visionnant le reportage, j’ai été envahie de frustration, de soif de découvrir… Je ne peux pas croire qu’on puisse avoir un esprit si destructeur. Cette enquête très médiatisée a été relancée l’été dernier car non élucidée. Elle a été marquée par de nombreuses arrestations dans le cadre de l’infanticide, et du meurtre d’un suspect commis par Jean-Marie Villemin, le père de Grégory. Les gendarmes et les juges d’instruction ont été accusés de cacher des informations déterminantes… Bref, l’affaire reste avec des zones d’ombre. Je voudrais qu’un jour on sache la vérité. La justice et l’humanité ne peuvent pas être rabaissées à ce point.
Lucile, classe de 3e
Je me rappelle comme si c’était hier de ce 7 août 2015. Il était minuit. On passait tranquillement nos vacances d’été à Tanger. Et mon oncle est tombé par terre, d’un coup. On a foncé vers lui pour effectuer les premiers secours et quand l’ambulance est arrivée, on s’est rués sur elle. C’était le pire jour de ma vie. On avait encore de l’espoir, on a prié pendant cinq longues heures pour qu’il revienne sain et sauf, même si au fond de nous, la pression montait, le coeur palpitant, les jambes tremblantes et nos yeux remplis de larmes… Puis le docteur est arrivé. Il nous a confirmé la terrible nouvelle. Cette mort n’était pas un obstacle aux rêves de tes enfants. Au contraire, c’était pour eux une force, une rage supplémentaire… On me dit tout le temps que le chagrin passera avec le temps, mais je me rends compte que cette douleur est de plus en plus profonde en moi. Ta mort fut un choc que je n’ai jamais vécu. Chaque chose me rappelle à toi et quand on cite ton nom, mon coeur se resserre. Mais je pense vite aux bons moments vécus ensemble, à ces jours de tendresse. Je te n’oublierai jamais et tu seras toujours dans mon cœur.
Aya, classe de 3e
L’attentat terroriste à Manchester, qui a suivi le concert d’Ariana Grande, m’a choqué. Le lundi 22 mai 2017, des bombes ont explosé à la fin du concert, provoquant la mort de 22 personnes et plus de 500 blessés. Le lendemain matin, en me levant, j’ai appris cette nouvelle tragique, bouleversée qu’un tel acte de cruauté et de violence ait pu avoir lieu… Le public visé était si jeune ! Cela aurait bien pu m’arriver, à moi : Ariana Grande est une de mes chanteuses préférées, il s’agissait d’un concert de musique pop, le style que j’écoute le plus… Au final, cet événement joyeux et festif s’est transformé en un bain de sang et de larmes. Suite à cet attentat, la chanteuse américaine a organisé un grand concert de charité, baptisé « One love Manchester », sur le lieu du drame, afin de venir en aide aux familles des victimes. J’ai été très émue en regardant ce concert du dimanche 5 juin 2017, et qui a réuni de nombreux artistes pour diffuser un message de paix et d’espoir pour le monde entier…
Mathilde, terminale ES

Olivia, classe de 2nde





