Autrefois étape touristique, Dijon s’affirme désormais comme une destination incontournable grâce à son riche patrimoine architectural, sa gastronomie renommée et son centre-ville historique doublement classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ligne de TGV Dijon-Lille, Aéroport de Dole, augmentation du parc hôtelier, développement durable… Dans cet entretien, François Rebsamen détaille les efforts continus pour maintenir et amplifier l’attractivité de sa ville.
Femmes en Bourgogne. Cité internationale de la gastronomie et du vin, musée des Beaux-Arts, centre-ville historique… Si je vous dis qu’avant, Dijon était une ville avec des touristes et qu’elle est désormais une ville touristique, vous êtes d’accord ?
François Rebsamen. Dijon continue d’attirer beaucoup de touristes, pour son patrimoine architectural et culturel comme pour la qualité de sa gastronomie et de son vin. Nous avons retrouvé le taux de fréquentation d’avant-covid depuis l’année dernière, ce qui est une très bonne nouvelle notamment pour les acteurs économiques locaux tels que les hôtels, les restaurants et les boutiques. Tous les indicateurs nous confirment que Dijon, devenue une grande capitale de l’art de vivre, est à présent une destination touristique qui compte et plus seulement une ville de passage.
Dijon figure de plus en plus en tête de classements nationaux et internationaux en matière d’attractivité (JDD, Time, Guide Vert Michelin…). Est-ce que vous y accordez une importance ? Comment expliquez-vous cet engouement pour Dijon ?
Les différents classements et baromètres qui positionnent Dijon comme l’une des villes/métropoles de France les plus attractives et douce à vivre, pour les étudiants, les salariés ou encore récemment pour les femmes, valorisent la culture, les savoir-faire et donc la qualité de vie à Dijon. Mais ils ne peuvent être une fin en soi. C’est pourquoi nous ne nous reposons pas sur nos lauriers et continuons de travailler. Le musée des Beaux-Arts de Dijon, l’un des plus fréquenté de France, la Cité internationale de la gastronomie et du vin, le palais des Ducs et des états de Bourgogne, le centre-ville historique doublement classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, la gastronomie, le vin, tout cela participe à l’attractivité de Dijon et crée l’engouement des visiteurs.
Au total, 170 135 visiteurs ont été accueillis dans les différents points d’accueil de l’Office de Tourisme du 1er mai au 30 septembre 2023. Un chiffre en hausse de 9% en comparaison avec 2022. Quel bilan et quelle prospective peut-on en tirer ?
C’est le fruit d’une politique volontariste de mise en valeur de notre culture patrimoniale et gastronomique avec en première ligne le musée des Beaux-Arts qui a attiré près de 300.000 visiteurs en 2023 et la Cité internationale de la gastronomie et du vin et ses plus d’1,5 million de visiteurs depuis son ouverture il y a deux ans. L’année 2024 sera exceptionnelle en matière de grands événements : les journées nationales de l’hydrogène, le Tour de France, le championnat du monde de pétanque, le congrès mondial de la vigne et du vin avec la réunion des ministres de l’agriculture des 50 états-membres… autant d’évènements de bonne augure pour l’activité économique et pour la reconnaissance de Dijon.
Le parc hôtelier dijonnais s’élèvera à 5 000 chambres cette année. Pourquoi avoir fait le choix d’une telle augmentation ?
Notre ambition est de continuer à rendre Dijon attractive. Nous le faisons à travers notre politique de tourisme et notamment de tourisme d’affaires avec le Bureau des congrès, piloté par l’Office de Tourisme, qui permettra de mieux positionner Dijon en tant que destination reconnue pour des évènements professionnels nationaux et internationaux. Lorsque l’on accueille de grands évènements, on assure aux acteurs locaux des retombées économiques importantes avec un taux d’occupation élevé pour les hôtels. Il s’agit d’un cap important qui nous permet désormais d’accueillir les plus grands congrès de France. Dijon, capitale régionale, est une ville à vocation européenne et internationale. Peut-être plus que jamais depuis que le Comité du patrimoine mondial a décidé d’inscrire les Climats du vignoble de Bourgogne sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, nous en fêterons les 10 ans l’année prochaine, depuis l’ouverture de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin et depuis l’installation de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV).
Pourra-t-on encore vivre en centre-ville dans les prochaines années avec l’augmentation du nombre de meublés touristiques destinés à la location courte durée ?
Dijon, comme toutes les métropoles attractives, est frappée par la crise du logement à laquelle nous répondons par la volonté politique. A ce titre, une convention a été signée entre Dijon métropole et l’État pour encourager la construction de logements. Cette convention prévoit la sortie de terre de 4800 logements en trois ans sur l’ensemble de la métropole, et non uniquement sur la ville de Dijon, selon les prévisions suivantes : 1200 logements locatifs sociaux, 1200 logements en accession abordable et 2400 de logements libres et intermédiaires. Pour l’heure, les meublés de tourisme dans la commune de Dijon correspondent à une offre mesurée complémentaire à celle de l’hôtellerie et sans concurrence directe au locatif permanent. D’ailleurs, le centre-ville a vu le nombre de ses résidences principales augmenter. Cependant, au regard de l’attractivité touristique qui se développe, le sujet des meublés de tourisme est suivi de près et la Ville s’emparera des moyens réglementaires à disposition le moment venu en cas de besoin, pour réguler quantitativement, qualitativement et territorialement. Nous sommes très vigilants sur le changement de destination des logements et sur l’équilibre entre les habitants et les résidents car notre objectif premier est d’abord de permettre aux habitants de se loger. A Dijon, le taux de vacance des logements est très inférieur à la moyenne nationale, et je veux le dire ici, le centre-ville est et sera toujours d’abord un lieu d’habitation et de vie pour les Dijonnaises et les Dijonnais.
Vous militez depuis longtemps pour le retour de la ligne TGV Dijon-Roissy-Lille et le développement de l’aéroport Dole-Jura. Est-ce que Dijon pâtit de son isolement des principales voies de transport ? Quelles actions menez-vous pour essayer d’y remédier ?
Le caractère durable de la suspension de la ligne TGV Mulhouse-Lille, qui passe par Dijon, durant la crise sanitaire, est dommageable pour l’attractivité européenne et internationale, économique, universitaire, sociale et culturelle de notre ville. Nous l’avons souligné dans une tribune co-signée avec la maire de Besançon, le Président du département de la Côte-d’Or et la Présidente du département du Doubs la situation a quelque chose déroutant. Il est en effet difficilement recevable que la ligne ne soit pas rétablie pour des raisons simplement financières alors même que la SNCF a enregistré des bénéfices records. En ce qui concerne l’aéroport, notre région a besoin d’un aéroport et à ce titre je défends celui de Dole-Jura. Pour lutter contre le phénomène d’enclavement, nous devons développer les mobilités, que ce soit avec les TGV mais aussi par le transport aérien. Des régions, comme la Bretagne, financent les aéroports, mais aussi les TGV. La Région Bourgogne-Franche-Comté a fait un choix différent et je le regrette. Je veux ici redire le soutien résolu de Dijon métropole au développement de l’aéroport de Dole. Il n’y a pas de honte à ce que des avions décollent pour aller à Marrakech ou à Porto. Je souhaite que l’on n’oublie pas non plus ces citoyens qui vivent sur notre territoire et qui éprouvent le besoin de rentrer visiter leurs familles au Portugal ou au Maroc. Par ailleurs, d’autres ont le droit de venir, et les touristes Portugais et Marocains sont les bienvenus à Dijon et dans la région. Cela fait partie de la vie d’un territoire. Par ailleurs, les avancées technologiques et les innovations comme l’hydrogène vont modifier les conditions de transport et rendre ce mode de déplacement plus économique et plus écologique.
Est-ce que les actions en faveur du développement durable menées par Dijon ont un impact sur le tourisme selon vous ?
Ville d’art et d’histoire, Dijon renferme un cœur historique inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco dans le cadre des Climats du vignoble de Bourgogne. Ce secteur sauvegardé s’étend sur environ 100 hectares, ce qui en fait l’un des plus vastes de France. Il attire une clientèle touristique internationale croissante, séduite par un patrimoine bien entretenu tels que le musée des Beaux-Arts, le Palais des Ducs et des Etats de Bourgogne, la Cité internationale de la gastronomie et du vin, les hôtels particuliers, les monuments sacrés, les centres d’art, par ses atouts gastronomiques et viticoles… et par ses nombreux espaces verts permettant la randonnée ou la promenade. La piétonisation des principales artères commerçantes du cœur de ville, notamment de l’emblématique place de la Libération, a permis d’améliorer la qualité de vie des chalands et des touristes. Ce cadre de vie est aussi le résultat de la politique et de l’action municipale que nous menons depuis 2001.
Afin d’accentuer encore cette attractivité, l’Office de Tourisme de la métropole s’est doté d’un Bureau des Congrès. Quel est son rôle et ses objectifs ?
Ce nouveau service, intégré à l’Office de Tourisme de Dijon métropole, a pour objectif de promouvoir activement la destination « Dijon Bourgogne » sur le secteur du tourisme d’affaires, d’offrir aux organisateurs un point de contact unique pour l’ensemble de la destination, de les accompagner dans l’organisation de leurs événements à Dijon et d’attirer plus de congrès nationaux et internationaux. Le Bureau des Congrès est une porte d’entrée privilégiée pour les organisateurs d’événements, qui favorise leur accueil en collaboration avec les partenaires du tourisme d’affaires. L’ambition du Bureau des Congrès est claire : doubler le nombre de manifestations accueillies ou créées sur le territoire d’ici sept ans. Pour ce faire, il développera les relations et la prospection aussi bien au niveau national qu’international, amplifiant ainsi les retombées économiques au bénéfice de l’attractivité de la métropole.
Il y a près d’un an, vous avez été élu président de la fédération des agences d’attractivité, de développement et d’innovation (CNER). Qu’est-ce que cela veut dire pour la ville ?
Cette fédération s’affirme comme un réseau dynamique rassemblant la majorité des agences de développement et d’attractivité française, ainsi que tous les professionnels du secteur. Avec une augmentation de plus de 30 % des adhésions en cinq ans et la création en cours de nombreuses structures, les agences d’attractivité, de développement et d’innovation incarnent un modèle
d’action publique moderne, singularisé par son caractère partenarial, sa souplesse, sa réactivité, et sa propension à favoriser les mutualisations de moyens. En matière de développement et d’innovation, les synergies sont toujours positives. C’est cela que peut ici y gagner Dijon : s’inspirer et bénéficier de l’expérience du plus grand nombre.
Finalement, qu’est-ce qu’il manque à Dijon pour qu’elle continue d’accroître son attractivité et son tourisme ?
Aujourd’hui, Dijon mise sur le développement du tourisme écoresponsable notamment le long de l’eau et aux abords du canal de Bourgogne. A ce titre, Dijon métropole et Voies Navigables de France ont récemment signé le protocole « Une ambition partagée pour le canal de Bourgogne » afin de valoriser ce patrimoine commun alliant nature, espaces agricoles, sites industriels et patrimoine urbain. Le canal de Bourgogne traverse Dijon métropole sur 20 kilomètres, englobant 5 communes : Plombières-lès-Dijon, Dijon, Longvic, Ouges et Bretenière. Notre objectif est ainsi de développer le potentiel touristique sur et aux abords de la voie d’eau afin de contribuer à la croissance touristique raisonnable de Dijon et d’inscrire le canal comme un élément de jonction avec les différents sites remarquables.
Texte : Quentin Scavardo / Photographie : Jonas Jacque