Notaire électrique

L’extension du bonus et l’élargissement de la prime à la conversion font baisser le prix des voitures électrifiées. Sans doute le meilleur moment pour sauter le pas ? Il y a encore deux ou trois ans, les motorisations hybrides rechargeables semblaient plus raisonnables afin de ne pas se donner de sueurs froides dès que l’on voulait sortir des frontières de nos villes. Mais fini le temps où une auto 100 % électrique dépassait laborieusement les 100 kilomètres sans recharge. Kia, avec son E-Niro, a bousculé le marché des voitures propres il y a deux ans en sortant l’un des premiers SUV compacts 100 % électriques à promettre une réelle autonomie en cycle mixte : 289 kilomètres pour la version à batterie 39,2 kilowatts-heure et, surtout, 455 kilomètres pour la batterie de 64 kilowatts-heure. Un rayon d’action généreux qui lui assure un gros succès puisque pas moins d’une Niro sur trois est une full électrique ! Cette année la E-Niro bénéficie du restylage de la gamme. De quoi la mettre plus que jamais au cœur d’une année automobile atteinte par le virus de l’électrique – un bon virus celui-là… Mais ce n’est pas tout de promettre près de 500 kilomètres sans être obligé de rebrancher sa monture. Ce n’est pas que nous sommes méfiantes, mais bon… Alors nous avons confié pendant une semaine une Kia E-Niro à maître Aude Neyret. Cette jeune notaire, qui a repris l’étude de maître Échinard l’an dernier, s’est déjà fait un nom dans la capitale des vins de Bourgogne. Mais elle quitte souvent Beaune puisqu’elle est amenée à gérer des clients jusqu’à Lyon ou à Paris. En clair, pas question pour elle de se poser la question de l’autonomie d’une automobile. « Ce que j’aime le plus dans mon métier, ce sont les contacts humains. Je ne suis pas un rat de bureau. » Une notaire se doit d’aller à la rencontre de ses clients, où qu’ils habitent. « Notre rôle consiste à suivre les gens dans leur vie, dans les bons comme les mauvais moments. Bien sûr, il est souvent possible de réaliser certains rendez-vous en visio- conférence, mais je peux vous assurer que la plupart des gens veulent pouvoir échanger avec nous directement. Cela contribue à la confiance que l’on accorde à son notaire. Et pour aller à eux, l’outil automobile reste indispensable. »

Notre dynamique notaire, qui avait relevé le défi de faire le plus de kilomètres possibles, semblait donc la conductrice idéale pour s’assurer que les 455 kilomètres promis par Kia sont bien réalistes. Verdict : « J’ai récupéré la E-Niro lundi et aujourd’hui vendredi il me reste de l’énergie à hauteur de près de 20 %, alors que j’ai parcouru plus de 400 kilomètres. De la ville bien sûr, mais aussi de la route et de l’autoroute. La promesse est bien tenue. Franchement j’avais un doute, pensant que, dès que j’allais augmenter le rythme, la batterie se viderait aussi vite. Et bien non… Je suis assez bluffée. J’avais dans l’idée qu’une électrique ne pouvait se concevoir qu’en deuxième voiture. Ce petit test me convainc du contraire. » En effet, sur le segment des citadines ou des compactes, l’autonomie proposée suffit largement à une semaine moyenne de trajets domicile-travail. Multipliez 50 kilomètres par cinq et vous obtenez un besoin de 250 kilomètres. Donc,  en effet, pour la plupart des Français, il est inutile de posséder 1 000 kilomètres d’autonomie pour rien. Aude Neyret nous rappelle d’ailleurs que « c’est quand même pratique de pouvoir se brancher à domicile, dans un parking ou à son travail, chose impossible en thermique pour faire le plein ». Bien vu. Le réflexe habituel restant de se brancher la nuit là où vous garez votre véhicule. Si vous rechargez chez vous, le coût en électricité pour parcourir 100 kilomètres sera de l’ordre de 2 euros. « Pendant notre petit tour de Beaune avec votre protographe, nous avons même trouvé une station près du péage sud avec des bornes de charge rapide gratuite… » Plus d’excuse : l’électrique se conjugue désormais au présent.