Jadis viticole, la commune de Talant renoue avec son passé en replantant des vignes pour produire des blancs et des crémants, et bientôt des rouges.
On ne peut renier son passé. L’époque n’est pas si lointaine où Talant, petit village à l’écart de Dijon, était entouré de vignes. Cette culture viticole ne date pas d’hier. Dans un ouvrage paru aux Éditions Faton en 2021, Guillaume Grillon, Jean-Pierre Garcia et Thomas Labbé assurent même qu’elle remonte à 800 ans. Au Moyen Âge, le domaine ducal de Talant comptait ainsi 26 hectares de vignes. Ses crus étaient servis à la cour du duc et offerts aux délégations étrangères en visite dans la puissante province. Mais le XIXe siècle est passé par là, et avec lui le phylloxéra qui dévaste le vignoble bourguignon et bientôt l’urbanisation qui fera du village perché fondé en 1208 la quatrième commune de Côte-d’Or en nombre d’habitants pleinement intégrée à la métropole dijonnaise. De 190 hectares de gamay dans les années 1850, on passe, quelques décennies plus tard, à zéro. Fini le clos Marosse, le clos Meunier ou le clos Marchand ! À l’image des autres communes de l’agglomération qui ont perdu leurs vignes – Dijon mais aussi Fontaine-lès-Dijon, Daix, Chenôve ou Plombières –, Talant a entrepris de replanter. Dans les années 1980, l’idée émerge de faire revivre le vignoble talantais.
Le viticulteur Jean Dubois, qui exploite alors quelques hectares sur le plateau de La Cras, de l’autre côté du lac Kir, porte le projet, dont se saisit bientôt le maire de l’époque, Baptiste Carminati. Son successeur, Gilbert Menut, et le maire actuel, Fabian Ruinet, poursuivront cette stratégie permettant à Talant de renouer avec son prestigieux passé viticole.
Bientôt le rouge de Talant
Actuellement, huit hectares sont plantés en chardonnay sur les pentes de la butte de Talant ainsi que sur le site dit des Époutières, dont six dédiés à la production de crémant et deux à celle de blanc. « Cette année, quatre hectares supplémentaires vont être plantés, dont au moins un permettra de lancer la production d’un vin rouge, explique Fabian Ruinet, le maire de Talant. Je m’inscris sur ce sujet dans la continuité de mes prédécesseurs et suis en phase avec la volonté de la métropole de se positionner comme un territoire viticole. » Au total, chaque année, la commune peut compter sur 18 000 bouteilles de crémant et 8 000 bouteilles de blanc, dont la fabrication est confiée à plusieurs viticulteurs (maison Picamelot, Marc Soyard, Christophe Bouvier…). Les spécialistes reconnaissent la qualité grandissante de ces vins produits sur les hauteurs de Dijon, que l’on peut se procurer dans certains commerces de la commune – la ville de Talant récupérant, pour sa part, une dotation d’environ 600 bouteilles chaque année, offertes en cadeau ou servies lors des cocktails.
Renouer avec son histoire, c’est aussi protéger les lieux hérités du passé et porteurs de cette tradition viticole. Par exemple le cellier, unique vestige de l’ancien château qui coiffait la butte, ou la maison Alix-de-Vergy, dans le vieux bourg, devenue en 2018 une maison de la vigne et du vin. Les curieux s’intéresseront aussi aux noms des rues qui rappellent la tradition vineuse de la commune, ou repéreront les cadoles avant d’adhérer à la confrérie du cellier de Talant. On ne renie pas son histoire.
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