Artiste d’Appellation d’Origine Contrôlée. A bien des égards Julie Leflaive mérite cette distinction. Fille de son père, elle a brûlé les planches avant de revenir au pays, entre vignes et hôtel. Et se réserve d’autres rôles dans la vie.
La fille de mon père ». Pas de doute, Julie ne renie rien. Elle est en tout point la descendante d’Olivier Leflaive, père fondateur de l’œnotourisme en Côte de Beaune, chantre des grands blancs de ladite côte. Comme lui, elle a pris un chemin d’artiste au départ. Dès l’âge de 5 ans dans une école aménagée de musique. « Avec un paternel impressario et une mère chanteuse, je ne pouvais pas y échapper ! ».
La jeune « trublionne » (dixit elle-même) a vite succombé aux sirènes de la comédie musicale. Elle en a même fait une carrière, quitte a préférer ce défi à celui de la pédagogie institutionnelle : « L’école, pas trop pour moi, je suis pourtant sensible aux lettres, avec une grand-mère d’origine russe qui rêvait d’être peintre, une autre qui l’était, difficile pour moi de ne pas céder aux tentations ! » Un passage au conservatoire de théâtre la conduit vers une compagnie grenobloise. Dix ans à brûler les planches au contact de metteurs en scène exigeants, Claude Régy, Olivier Py, Michel Fau. Le circuit pur. Puis le Théâtre de la colline. « Je gagnais bien ma vie, j’étais sur scène 200 jours par an. »
Madame hôtel
Grande voyageuse devant l’Eternel, autre héritage génétique, elle a ramené ses valises à Puligny-Montrachet où l’histoire familiale l’attendait les bras ouverts, il y a quelques années. Avec Eva, sa fille de 9 ans, elle a renoué géographiquement avec le destin des Leflaive. « Je suis profondément attachée à ma famille, une bonne vivante, et reprendre l’hôtel ne pouvait que me combler », déclare l’artiste AOC (d’Appellation d’Origine Contrôlée) pour expliquer, sans avoir à forcer sur les arguments, son retour au bercail. Pour bien comprendre les raisons d’un tel enthousiasme, les qualités manquent pas : « Je suis polyglotte, j’aime les gens, mon père a dû estimer que j’avais ce qu’il fallait. »
A Puligny, « Madame hôtel », c’est Julie. Un stage management l’autorise à gérer cette partie de l’affaire familiale avec une liberté qui encourage sa créativité. La Table d’Olivier Leflaive étant par ailleurs une référence gastronomique (le chef maison y contribue avec talent), recevoir les gens du monde entier est son affaire. « Les chambres ont été décorées avec beaucoup de goût par ma tante Carole, il y a ici une âme sans comparaison, les meubles sont chinés avec grâce, un petit sourire fait le reste », commente modestement la belle.
Dans cette « famille un peu folle mais portée par tant de tendresse », du haut de ses 37 ans, Julie se plaît encore à s’exprimer sur son terrain de jeu favori, le jazz chanté. L’atmosphère déjà pétillante et charmante de la belle maison de Puligny profite de cette amoureuse des arts qui n’hésite pas à inviter des artistes autour de la Table d’Olivier Leflaive, gardant en secret le projet de créer un festival dans le village. En bon speci(wo)men AOC, elle ne veut pas en dire plus pour l’instant. Mais on lui fait confiance.