La carrière politique de Danielle Juban ne ressemble à aucune autre. Passée de l’UMP à bras droit de François Rebsamen, la Dijonnaise d’adoption et de cœur se laisse guider par ses convictions. Des laboratoires pharmaceutiques au siège d’adjointe au maire, elle a tracé son chemin sans se soucier des mauvaises langues. Portrait.
« Née à l’ombre du granit » comme elle aime le souligner en faisant référence à sa Bretagne natale, Danielle Juban est une sexagénaire dynamique qui affiche ses positions sans ciller. Cette assurance, elle la doit en grande partie à une vie professionnelle très riche, débutée dans la recherche pour les laboratoires Fournier. Après une filière scientifique correspondant à son caractère cartésien, c’est là-bas qu’elle fait la connaissance de son futur époux et rencontre le directeur général du groupe, qui lui donne l’opportunité d’évoluer. Pour remplir sa mission de directeur de cabinet, Danielle Juban – qui n’aime pas faire les choses à moitié – reprend une formation en management. Après dix ans à ce poste, on lui propose la direction de la communication du groupe au niveau mondial. « La communication ne s’improvise pas non plus, j’ai donc suivi un cursus en marketing » détaille l’intéressée. Cette expérience forgée, sa dimension internationale et ses nombreuses compétences ont attiré l’attention au-delà de la sphère professionnelle. Profondément centriste et européenne convaincue, Danielle Juban est approchée par Robert Poujade. « Je pensais, grâce à mes expériences et mon amour pour la ville, que je pouvais apporter quelque chose à Dijon. » En 2001, elle rejoint alors la liste municipale de droite menée par Jean-François Bazin. « François Rebsamen a été meilleur, je suis donc devenue conseillère municipale d’opposition. » Sa rencontre avec Louis de Broissia, ancien sénateur UMP et président du conseil général, renforcera son engagement politique. « Il m’a convaincue que je pouvais être utile en tant que femme, et femme de conviction. Je partage les valeurs de l’entreprise et je crois qu’il est préférable d’engranger les bénéfices avant de les partager. »
DE DROITE À GAUCHE
Forte de ses idées, elle accompagne Bernard Depierre et la droite dans la course au siège de député. Très active sur le terrain, elle a pris les dossiers à bras le corps, désireuse d’être plus qu’un éventuel prétexte à parité. « Pour moi, ce n’était pas qu’un titre. Il fallait agir. Quant à la parité, ce n’est qu’un mot. Ce qu’il faudrait surtout, c’est changer les mentalités. » En 2004, elle mène la liste départementale derrière Jean-Pierre Soisson pour les élections régionales. Le moment venu, elle refusera pourtant de siéger. « J’étais convaincue de l’apport des voix d’extrême droite. Selon moi, il ne fallait pas s’engager sur ce terrain, ça allait à l’encontre de mes valeurs. »
Danielle Juban n’a jamais voulu le pouvoir pour ce qu’il représente mais pour ce qu’il apporte aux autres. Parallèlement, la conseillère municipale a observé François Rebsamen mener son action pour la ville. « L’homme m’a plu. J’ai aimé sa vision, son énergie et sa force de conviction. J’ai trouvé un homme progressiste. » Rebutée par la façon dont son propre camp a poignardé politiquement son ami Louis de Broissia, Danielle Juban a fini par tourner les talons et s’est éloignée de sa famille politique. « Les guerres intestines étalées ne font pas grandir la politique. Ces attitudes vont à l’encontre de ma façon de faire. »
PAS DE PLACE POUR LES PLAGISTES
Toujours députée suppléante aux couleurs de droite, elle rencontre François Rebsamen qui l’invite à conduire une délégation et à rejoindre sa liste pour le renouvellement de son mandat. Danielle Juban s’engage alors à ses côtés, quittant l’opposition pour rejoindre la majorité. « On se retrouve sur notre attachement à la ville et sur une ouverture d’esprit. Il m’a fait confiance et donné les moyens pour les actions que je proposais. On ne peut pas dire que j’ai vraiment été à droite et en matière de progrès social, la gauche a fait plus. » Plus que par une mouvance politique, Danielle Juban est avant tout guidée par des valeurs. « On ne peut pas faire de la politique en plagiste. On s’investit ou on n’en fait pas ! » , tranche-t-elle. Au fil des ans, elle s’est donc évertuée à développer une marque de territoire, à mettre en place la zone touristique internationale ou le brunch des halles mais aussi à régler le dossier des terrasses de bars et des restaurants. Bref, beaucoup de travail.
EN MARCHE !
En charge de la délégation attractivité, commerce et artisanat, la pétillante blonde détient un enthousiasme qui semble sans limites. « J’ai besoin d’être à fond. J’essaie de faire valoir mes idées, de respecter la parole donnée aux Dijonnais et de travailler dans la transparence. » L’adjointe au maire a toutefois décidé de se retirer de la politique à l’issue de ce mandat. Parce qu’il faut « savoir laisser sa place aux autres et se recentrer sur sa vie de famille. » D’ici là, elle continue de s’investir pleinement dans la vie politique locale… et nationale, en apportant notamment un soutien inconditionnel à Emmanuel Macron et son mouvement En marche ! Loin des clivages, Danielle Juban est définitivement une indépendante. Droite dans ses bottes de gauche, en plus de ça.