D’une grande amabilité et d’un professionnalisme sans doute hérité de ses parents (Hippolyte Girardot et Isabel Otero), la pétillante Ana Girardot reconnaît avoir un faible pour les vieux bourgognes. Entretien-dégustation en plein tournage du film très attendu de Klapisch : Le vin et le vent.
De la Bourgogne, elle avait de lointains souvenirs du village d’Aloxe-Corton. Hippolyte, son père, a paraît-il une jolie cave. « De toute façon, reprend Ana, ce qu’il y a de génial dans notre métier, c’est qu’on a l’occasion de découvrir plein de choses en permanence ». La jeune comédienne a donc de qui tenir et de quoi apprendre.
Avec Klapisch (voir notre encadré), elle tourne en ce moment Le Vin et le vent, une tragi-comédie qui met en scène une fraterie confrontée à l’épreuve de la reprise d’un domaine viticole en Côte de Beaune. « Je me suis intéressée aux livres et aux documentaires sur le sujet » confie scolairement l’héroïne de la série culte Les Revenants. Sans doute a-t-elle trouvé dans cette immersion viti-vinicole, une nouvelle façon de pratiquer son art.
L’auberge bourguignonne

Dans cette « auberge bourguignonne », il y aura donc comme un « air de famille » avec des choses vécues entre nos vignes. Klapisch est il est vrai un observateur inspiré. « Il aime mélanger la fiction et le documentaire », confirme Ana, qui a eu le privilège d’hurler son texte au milieu de vrais vendangeurs médusés : « Quand je me suis mis à les engueuler pour les besoins de la scène, certains, non prévenus, se sont demandé qui j’étais pour leur parler ainsi ! »
Ana ou Juliette ?

Le vin et le vent ayant pour vocation de boucler son histoire d’une vendange à une autre, Ana Girardot aura bien des occasions de s’assembler intellectuellement avec Juliette Vermillard. Peut-être que cette démarche fusionnelle ira-t-elle jusqu’à un tête-à-tête imaginaire entre les deux autour d’un grand cru. Après tout, le cinéma n’est-il pas là pour nous faire perdre, pour la bonne cause, le sens des réalités ?
Les 4 saisons de Klapisch

Il a été bien difficile aussi de trouver une forme de réconfort dans le presque ridicule épisode bourguignon du Sang de la vigne. A se demander comment Pierre Arditi, pourtant si grand connaisseur de vins, a pu se fourvoyer ainsi. Klapisch, à en croire Ana Girardot, est un documentariste qui fait de la fiction. Ou un cinéaste qui fait parfois dans le documentaire. Il emprunte au monde réel sa dureté tout en y glissant un savant dosage de son humour grinçant. Cette signature si particulière du beau cinéma français, il serait bon de la retrouver dans ce long métrage qui, promet le réalisateur, va nous faire voyager à travers les 4 saisons du vignoble.