Troublée par l’affect entre frères et sœurs et l’intransigeance d’un père parfois beaucoup plus exigeant avec sa descendance qu’avec les autres salariés, la transmission familiale est plus complexe qu’on ne l’imagine. Les repreneuses suivent pourtant généralement la voie du succès.
Imprégnées depuis toujours de la culture de l’entreprise et de ses métiers, elles savent amener de nouvelles idées, de nouveaux projets, un nouveau souffle. Voici l’histoire de certaines d’entre elles qui rompent avec la transmission patriarcale.
ÊTRE FEMME, UN ATOUT
Anne-Lise Fresard, Oxfort Nutrition
Son rêve de petite fille ? Inspecteur de police. Les tests en décident autrement. Pas portée sur la fac non plus, Anne-Lise poursuit ses études en école de commerce avec l’envie de faire des stages et de prendre pied dans le monde de l‘entreprise.
Un temps commerciale, elle retrouve ensuite l’entreprise familiale : Oxfort Nutrition. Une maman esthéticienne, un papa entrepreneur : le monde de l’entrepreneuriat, elle connaît. A 23 ans, elle créé donc son propre poste. Et passe par presque tous mes métiers de l’entreprise, sous l’emprise d’un père plus dur avec elle qu’avec n’importe quel autre salarié.
Un parcours à la dure que complète une formation de dirigeant sur 18 mois. Résultat : en 15 ans de management, elle a fait ses preuves et doublé les effectifs.
Son conseil :
« Trouver le juste milieu entre vie de familiale et vie personnelle, savoir s’écouter et se faire confiance. »
Sa devise :
« Faites de votre sensibilité de femme un atout »
REGARDER DEVANT SOI
Catherine Petitjean, Mulot et Petitjean
Après un DESS en Droit des affaires, elle travaille dans un cabinet mais s’y ennuie très vite. Catherine veut de l’action. De retour sur Dijon, elle a l’opportunité de rejoindre l’entreprise familiale. C’est à ce moment qu’elle se rend compte qu’elle voulait reprendre. Pourtant, à l’en croire, « le pain d’épices n’a pas été (s)on objectif, on transmettait aux hommes… » En tant que femme et mère de quatre filles, elle souligne la liberté du dirigeant : « On gère son temps, on fixe son agenda. Une très bonne organisation permet de tout concilier, ça fait de bonnes journées, mais ça se fait. »
La passion de Catherine : les projets ! Elle a besoin de nouvelles idées, de continuer à faire progresser sa structure. Grande sportive, elle fait le parallèle avec la course à pied : « Dans ce sport, on a tendance a regarder ses pieds alors qu’il faut regarder devant, dans l’entreprise c’est pareil. »
Son conseil :
« Rester ouvert sur le monde, sur ce qui se passe. On a tendance, surtout lors d’une reprise, à rester enfermée, on ne va pas suffisamment chercher de l’énergie et des idées à l’extérieur. On a besoin de s’enrichir des autres. »
Sa devise :
« Garder un équilibre de vie, regarder devant et avoir des projets. »
« J’AI ENLEVÉ LES PETITES ROULETTES »
Catherine Troubat, Anis de Flavigny
Elle a toujours aimé regarder et dessiner ce qu’elle voyait, vivre et comprendre les choses. Un bac Histoire de l’art en poche, elle postule dans une école d’architecte et dans un IUT Pub graphiste. C’est le second qu’elle choisira, pour continuer sur une maitrise de communication. Ceinture noire de judo et diplômée en communication, elle fait un stage dans une fédération sportive et travaille ensuite en agence de « com’ ».
A force d’accompagner les autres sociétés, elle décide de s’investir dans l’entreprise familiale, la célèbre fabrique des anis de Flavigny. Heureuse de travailler près de son père, elle commence par faire tout ce qu’il n’avait plus le temps de faire et découvre tous les métiers. Elle apprend avec les ouvriers le jour et suit des cours du soir, une formation à la reprise d’entreprise.
Cette reprise des manettes des Anis de Flavigny a pour elle la violence de l’apprentissage du tricycle : « J’ai enlevé les petites roulettes ! » Passionnée comme au premier jour par l’entreprise, cette dernière exporte aujourd’hui dans 35 pays, et a doublé ses effectifs pour atteindre 35 salariés. « Je ne suis qu’une perle du chapelet, j’emprunte a ceux qui reprendront la suite », conclut-elle en toute modestie.
Son conseil :
« Ce n’est pas une histoire d’homme, c’est une histoire d’être. La question fondamentale à se poser : est-ce qu’on va se faire plaisir ? »
Sa devise :
« Savoir organiser sa vie, bien s’entourer. »