Les raccourcis ont la vie dure. Notre vision de l’histoire est souvent très éloignée de la réalité. Pour ce qui concerne la femme gauloise, faisons réagir un binôme de Gauloises d’Alésia, Maud Goldscheider et Stéphanie Focé, face à quelques affirmations au caractère parfois… facétieux.
Par Maud Goldscheider et Stéphanie Focé du Muséoparc Alésia
La Gauloise est couverte de bijoux appelés fibules. Couverte de bijoux, oui ! Des fibules mais aussi des bracelets, des bagues et des anneaux de cheville en bronze, des colliers de perles en verre… La fibule (du latin figere : fixer) est utilisée comme une épingle à nourrice pour rassembler et maintenir en contact deux parties d’un vêtement. Un des types de fibules les plus connus se nomme d’ailleurs Alésia.
La Gauloise n’a pas peur de l’orage, pas comme son compagnon. Si les Gaulois ont « peur que le ciel leur tombe sur la tête » dixit Goscinny et surtout Strabon, c’est un peuple (ou plutôt des peuples) renommé valeureux et courageux, hommes et femmes confondus.
La Gauloise est polygame. Pas de polygamie chez les Gaulois ! Ou plutôt pas de témoignage écrit ou archéologique à ce sujet. Seul scoop : César mentionne que le roi germain Arioviste a deux femmes !
La Gauloise commande le foyer dans une société matriarcale. Elle commande au foyer… dans un monde patriarcal. L’idée, souvent véhiculée, d’une société gauloise matriarcale est complètement fausse. César précise dans La guerre des Gaules : « Les hommes ont, sur leurs femmes comme sur leurs enfants, le droit de vie et de mort ».
La Gauloise va au combat. Rares sont les femmes gauloises qui ont pris les armes ! L’histoire, à partir de textes romains et grecs, retient trois noms : Boudicca, Chiomara et Cartimandua. Ces femmes sont devenues guerrières suite à une histoire personnelle et familiale mouvementée.
La Gauloise fume des brunes sans filtre. La fameuse marque de cigarettes n’existe pas encore ! Aucune certitude mais certains affirment que les Gaulois fumaient des écorces, des champignons et plantes aromatiques dans des pipes… l’archéologie a encore beaucoup de choses à confirmer… ou infirmer.
La Gauloise a beaucoup d’enfants. A l’époque gauloise, la vie est dure, l’espérance de vie dépasse à peine 20 ans ! Entre la mortalité infantile élevée et la surmortalité des femmes liée aux accidents de grossesse et d’accouchement, les familles nombreuses sont certainement rares.
La Gauloise est blonde ou brune, jamais rousse. De nature blonde, brune ou rousse, les femmes gauloises aiment, d’après les auteurs antiques, se décolorer les cheveux en blond avec de la chaux. Leur longue chevelure est aussi lustrée grâce au savon (sopo en celte) fabriqué à partir de cendres et de suif.
La Gauloise n’aime que les moustachus. Cela dépend des goûts… mais surtout du rang ! Les Gaulois nobles ont pour habitude de se raser comme les Romains alors que les paysans peuvent avoir (et garder) le poil vif !
La Gauloise est une fine cuisinière. Pas de livre de cuisine gauloise ! Mais les recherches archéologiques et les expérimentations permettent aujourd’hui de restituer quelques plats gaulois. Au menu : poulet aux écrevisses… ou cochon aux orties !