Sophia Aïda ensoleille les après-midis de France Maghreb 2, radio parisienne généraliste qui revendique avec fierté ses « regards franco-maghrébins ». Jeune et jolie, et surtout bien consciente des enjeux que son antenne représente, elle a par deux fois posé ses valises à Dijon au début de l’année. À chaque fois pour promouvoir une chose centrale : la diversité.
105.1 FM. Branchés sur cette fréquence, les Dijonnais s’ouvrent à la diversité. C’est la promesse de France Maghreb 2, station indépendante parisienne qui fête cette année ses 30 ans d’existence. Elle s’est longtemps appelée Radio France Maghreb avant d’opérer sa mue en 2008, année d’implantation d’une fréquence à Dijon. Neuf fréquences en FM, quatre en RNT (radio numérique terrestre, sorte de TNT de la radio), et la promesse d’un enracinement dans les principales villes de France. Sophia Aïda se félicite de « faire partie de cette formidable aventure », elle qui à la base avait simplement « tenté (sa) chance parce que la station cherchait une chargée de communication ».
SECONDE FAMILLE
La voilà derrière un micro, le casque vissé sur les oreilles et le sourire constant, au sein d’une équipe qui a fini par devenir « un peu une seconde famille, qui m’a fait grandir humainement. Je suis moins manichéenne, beaucoup plus à l’écoute des autres et en contrôle », explique la jeune femme de 23 ans. Sophia a même fini par se faire une place au point de rejoindre l’émission phare de la radio, « Le Grand Forum », du lundi au vendredi de 16 à 18 heures. « J’ai conscience d’avoir la chance de faire un métier extraordinaire. J’ai l’occasion de recevoir et de rencontrer des personnalités tellement diverses et enrichissantes : des musiciens, des rappeurs, des acteurs, des écrivains, des imams… Je suis si fière de leur permettre de faire passer leur savoir. »
PAS COMMUNAUTARISTE
Ce rôle de passerelle amène naturellement la question de la liberté d’expression et des messages véhiculés. À ce titre, exceptée la période du Ramadan, la religion n’est pas, contrairement à certains clichés, la base rédactionnelle de la radio station. « France Magreb 2 n’est pas une radio communautariste et encore moins prosélyte », se défend Sophia, toujours attentive à refixer ce cap autant de fois qu’il est nécessaire. Et de revendiquer un « attachement à la laïcité et à la tolérance. Il suffit par exemple d’écouter le Grand Forum pour en être convaincu. Nous sommes avant tout un espace qui permet une liberté de ton et qui laisse s’exprimer tout le monde. Les hommes, les femmes, celle qui ne veulent pas se couvrir, celles qui veulent se couvrir ». Sans faire ni différences, ni de langue de bois. C’est le cas pour le sujet – étrangement moins brûlant – du burkini. « Je suis contre, tranche l’intéressée. Mais je suis aussi contre l’idée de juger ces femmes qui portent le burkini. C’est un choix qui les regarde. Nous sommes dans un pays de libertés. Tant qu’une femme montre son visage, ce qui reste une obligation liée aux mesures de sécurité, en quoi peut-on être dérangé par cela ? »
LIBERTE, FRATERNITE, DIVERSITE
Sans verser dans la naïveté, la radio a pour vocation de faire « passer de messages positifs » et pourquoi pas même « d’amour et de fraternité ». Ses émissions ont d’ailleurs le vent en poupe, surtout lorsque l’actualité le permet. C’est évidemment le cas durant la campagne présidentielle, quand toutes les questions sociales sont déballées dans l’arène. France Maghreb 2 s’est saisi de ce dossier en allant sur le terrain, directement à la rencontre de ses auditeurs. En témoigne ce direct délocalisé, diffusé nationalement, dans la capitale des ducs de Bourgogne, le 5 avril dernier. Sophia en conviendra, le cadre n’était pas des plus désagréables : Le Trinidad, place du Théâtre. « C’est très important de ne pas être déconnecté du terrain », abonde la jeune femme. L’occasion pour elle de revenir à Dijon, là où elle avait marqué les esprits le 11 mars dernier lors du défilé de la soirée de clôture du Festival 100 % Féminin. Cédric Tarteret, l’organisateur de l’événement avec sa structure Dans Ta Face Promotion, ne dira surtout pas le contraire : Sophia Aïda se bat pour la diversité et la tolérance. Par les temps qui courent, c’est en effet une valeur qu’il devient urgent de défendre.