Daniel Fernandez sait comme personne dévoiler ses coups de cœur musicaux en révélant des femmes artistes, singulières et authentiques. Voici le portrait passionnant de Mei, qui n’est pas japonaise, mais bel(le) et bien dijonnaise. La chanteuse fait vibrer les ondes aux quatre coins du monde. Merveilleux.
Par Daniel Fernandez
Photos : Latifa Messaoudi
Elle nous vient de la planète Terre, mais dans le revers réservé aux fées et aux rêveurs. Là où se mélange la raison à l’horizon. Mei est à part. À moins que ce ne soit nous qui soyons tous bizarres… cela dépend de l’angle sous lequel on l’observe. Entre les anges, les étoiles, la magie et la candeur, le souffle de l’espace et de la terre… ces battements, de la sève à l’orage, ça palpite à tous les étages…
Mei compose avec sa voix comme si elle peignait, ou alors comme si elle créait des films, juste par la pensée. D’ailleurs, est-ce vraiment un hasard si l’album – dans lequel se trouve une chanson qui lui a été commandée pour la compilation-hommage à la fameuse série Twin Peaks – se retrouve dans quelques classements des meilleurs albums de 2017, dans certaines radios new-yorkaises, sur Number One Music, ainsi que dans plusieurs grands magazines américains et japonais, mais aussi dans Rolling Stones en Russie, ou encore dans Uncut en Grande-Bretagne ? L’air de rien, la Dijonnaise se propage ici et là, semant des graines de musique dans le microsillon de son passage et dans le sillage de sa passion.
Mei-lodies
Mei définit son propre album, Partura, comme de la musique organique. Car elle est animée par la cosmogonie (les origines de la terre et de notre monde) et inspirée par la découverte de notre bonne vieille Tata Lucy, réveillée de sa longue sieste de quelque 3,2 millions d’années à Hadar en Éthiopie. Mei a enregistré des sons et des rythmes de danses tribales, provenant de villages de Tanzanie, près des gorges d’Olduvai (l’un des plus importants sites préhistoriques d’Afrique de l’Est).
Le premier titre de son album, Stoicheia/Hadéen, commence d’ailleurs par des vibrations émettant des sons de la danse nuptiale de l’araignée paon (je vous invite et vous incite vraiment à voir ça !) : ah, ça, c’est sûr que ce n’est pas Sardou qui ferait ça ! Quoique… avec son djembé entre les pattes pour rythmer sa chanson Afrique Adieu, et sa sympathie légendaire… houlala… je Mei-gare, moi ! Mei, revenons à Mei moutons, justement. Car elle est loin d’en être un… de mouton !
Mei après
Elle est vraiment dans son monde à elle. Et, franchement, ce n’est pas mal du tout, de se laisser transporter et de flotter dans cet univers si singulier et tellement personnel ! Il y a là une touche, une empreinte qui laisse sa trace… Et je crois vraiment que c’est ça qu’être artiste : avoir sa propre signature.
Je ne saurais comparer Mei à quelque autre artiste que ce soit. Dire que, un jour, j’ai joué avec elle dans les caves de répétition des anciennes fromageries du quartier Hugo à Dijon. Les fumeurs d’épices s’en souviennent : elle avait 17 ans. Et moi, du haut de mes trois décennies, je la regardais comme une jeune fille un peu spéciale, avec des mélodies énigmatiques. Et la revoilà, quinze ans après, sur toutes ces ondes, aux quatre coins de la planète… Bravo à toi, jolie élue minée par les réalités !
Elle déteste les racistes (moi aussi)… elle aime le vin (moi non plus)… elle adore la couleur rose et les pêches et a en horreur les glandeurs plaintifs et les suffisants prétentieux. Messieurs, sachez qu’elle croit en la puissance des femmes, dans ce monde où l’homme est encore trop souvent primitif (comme moi). Mei, encore…
Mei, une artsite singulière qui fait vibrer les ondes du monde entier.