Jeune retraité, Jean-Luc Morizot vient de confier les rênes de son Atelier fourrures et cuirs à Maryline Colard. Cette jeune femme méticuleuse et passionnée redonne un nouveau destin aux fourrures abîmées par le temps qui passe.
Par Olivia de Lestrange
Photos : Christophe Remondière
Jean-Luc Morizot est toujours intarissable sur sa passion : « Mon père était fourreur. En balbutiant, j’ai appris le métier. C’est en forgeant que tu deviens forgeron ! Ce que je préfère, c’est quand je dois redonner vie à un vieux vêtement de trente ans. C’est ce que j’ai appris à Maryline. » Assemblage, taille, couture des doublures et des peaux à la surjetteuse : un véritable travail d’artisan, qui se rapproche de l’orfèvrerie. « Tu ne sais jamais le temps que cela prendra. Quelques heures ou plusieurs jours, peu importe. »
Rue Charrue à Dijon, l’Atelier ne pratique que le recyclage. Maryline peut démonter un manteau ayant appartenu à votre grand-mère et vous le rendre comme neuf. En boutique, elle n’est pas seule. Patricia Morizot accueille ses fidèles clientes, les présente à Maryline. Daniel Foulet, quant à lui, réinvente les cuirs. « Nous relookons, explique l’épouse de Jean-Luc. Nous ne vendons pas de vêtements neufs. On nous apporte d’anciennes fourrures que l’on remet au goût du jour, sur la base d’une étude et d’un devis gratuit, parfois récupérées dans des dépôts-ventes. Autant utiliser les fourrures qui existent déjà. »
Le synthétique, c’est du pétrole
Jean-Luc est souvent là pour taper la causette avec le client et expliquer à qui veut l’entendre la noblesse de son activité. « L’avantage d’une vraie fourrure sur du synthétique ? Elle est biodégradable, elle n’a pas pollué ni eu recours à la pétrochimie. C’est un vrai produit écologique, 100% naturel. Comme toi et moi, elle retournera un jour à la poussière. Le synthétique, c’est du pétrole comme les sacs plastiques au fond des océans. » Quant aux convictions, on peut en parler tranquillement, autour d’une bouteille de bourgogne par exemple. Il faut juste, « quoi qu’on pense, que l’on respecte les opinions de chacun ».
De façon plutôt surprenante, une partie de la jeune génération revient à la fourrure. Des jeunes femmes de vingt ans qui recherchent des vêtements solides, durables, qui conservent la chaleur animale du corps, qu’elles chinent en occasion. Il suffit d’observer les modes de vie traditionnels des peuples des zones froides. « La fourrure, c’est est le premier habit de l’homme ! »