Elle suit les élèves en décrochage scolaire. Elle accompagne les jeunes sportifs de haut niveau. Rencontre avec une femme dont la raison d’être est d’aider les autres.
Par Patrice Bouillot
Photos : Christophe Remondière
C’est plus fort qu’elle. Carine Montrésor ne peut s’empêcher d’aider les autres. Son histoire personnelle, douloureuse mais sur laquelle elle ne souhaite pas encore se confier, l’explique sûrement en partie. Il faut dire que la fondatrice et présidente de l’association Jumps n’est pas du genre à se laisser abattre. Elle croit en la jeunesse. D’où son engagement au sein de l’Éducation nationale. Dans cette grande maison, la Creusotine est entrée par la petite porte. Son parcours atypique ne l’y prédisposait franchement pas : CAP puis BEP secrétariat en poche, elle rejoint le lycée pour passer son bac et enchaîne avec un BTS force de vente à Chalon-sur-Saône. Pour son projet d’études, elle organise un show mode suivi d’un concert de Zouk Machine. Rien que ça. Elle mobilise un budget de 60 000 francs à l’époque. « Courage et ténacité » sont les qualités qui la caractérisent déjà.
Haute couture
Elle commence par aider les jeunes en difficulté à trouver des stages. Six ans plus tard, elle reprend des études pour décrocher une licence en sciences de l’éducation. Et une demi-douzaine d’années encore après, elle passe avec succès son Capes. Depuis 1993, elle est responsable de la mission « décrochage scolaire » au lycée Hippolyte-Fontaine. Il y aura bien une parenthèse de trois ans pendant laquelle elle sera principale adjointe du collège du Chapitre à Chenôve, mais son destin est là : « Je récupère des élèves en situation de phobie scolaire, souvent à haut potentiel. Le décrochage, c’est la maladie nosocomiale de l’école. Je mets en place des programmes cousu main pour les accompagner. De la haute couture. Chez moi, c’est Chanel ! » Carine Montrésor a le sens de la formule, et une conviction profonde : « Un chemin pour chacun, la réussite pour tous ». Elle suit une vingtaine d’élèves de terminale chaque année, auxquels elle enseigne elle-même l’économie et la gestion. Et n’est pas peu fière d’annoncer un taux de succès au bac de 100 % pour ses petits protégés.
Une énergie inépuisable Après le lycée, Carine Montrésor retrouve d’autres jeunes. Des sportifs de haut niveau qu’elle aide à trouver des partenaires financiers. L’histoire a débuté parce que sa propre fille pratique l’équitation : « Quand elle a eu 14 ans, il a fallu acheter un cheval, payer la pension et les soins, sillonner la France pour les compétitions… Cela coûte 1 000 à 1 500 euros par mois ! » La maman se bagarre pour que Prescille réalise son rêve de championne. « Ça a marché pour nous, alors pourquoi pas pour d’autres jeunes ? » Jumps, qu’elle fonde en 2017, a déjà accompagné 10 sportifs |
dijonnais, dont quatre préparent actuellement les Jeux olympiques de Tokyo. Elle sollicite collectivités, commerces, entreprises pour permettre à la céiste Marine Sansinena, à la golfeuse Margaux Gerbet, à la pongiste Léa Ferney ou au basketteur Lucas Poletti de pratiquer au plus haut niveau. Comme eux et avec une énergie inépuisable, Carine Montrésor joue la gagne.
Le 13 juin, Carine Montrésor, organise le premier congrès de l’association Jumps, à Dijon, sur le thème : « Le sport de haut niveau pour tous ».