Accepter et se réapproprier son corps quand on est malade ou porteur de handicap, retrouver la confiance, dire aux autres qu’on a toute sa place malgré ses différences. Quel plus beau message ? La photographe Laëtitia Devaux a lancé le concept de Mode Thérapie à Dijon. Son travail auprès de neuf patients du service de génétique du CHU a donné lieu à une exposition émouvante, en février, sur les grilles du jardin Darcy.
C’est en lisant un récent numéro de notre magazine que Marie-Myriam Arnoult a découvert le travail de Laëtitia Devaux. « Elle était la photographe idéale pour le projet que nous avions en tête », explique l’assistante sociale au centre de génétique du centre hospitalier universitaire (CHU) Dijon-Bourgogne. Le projet ? À l’occasion de la journée internationale des maladies rares, le 28 février, la plateforme d’expertise maladies rares de Bourgogne-Franche-Comté, créée par les CHU de Dijon et de Besançon et coordonnée par la professeure Laurence Olivier-Faivre, souhaitait organiser une exposition photo. « Pour sensibiliser le grand public aux maladies rares, celles qui ne se voient pas. Mais surtout pour proposer à nos patients de travailler sur leur apparence et leur estime de soi. » Passer devant l’objectif d’une photographe, après une séance de maquillage et de coiffure, c’était avant tout l’opportunité de « dédramatiser la maladie en s’autorisant le regard des autres ». Admettre que, malgré les différences, chacun a le droit d’accéder à ses projets. Prouver que les gens ne sauraient être réduits à leur maladie. « La maladie fait partie de leur vie, mais elle n’est pas l’entièreté de leur vie », résume Marie-Myriam Arnoult.
Le résultat est bluffant. Des clichés en noir et blanc, qualité studio, dont la qualité tient à l’expertise de la photographe mais aussi à l’aisance des modèles devant l’objectif. « Tous les participants étaient volontaires, bien entendu, et se sont prêtés au jeu avec bonheur », témoigne l’assistante sociale, à l’initiative de cette inoubliable journée de prises de vues avec la psychologue Hélène Sfeir. « Au début, il y a eu un peu d’appréhension chez tout le monde, mais la gentillesse de l’équipe et l’ambiance chaleureuse ont rapidement mis les participants à l’aise. Les jeunes comme les moins jeunes. » À mesure que Laëtitia prenait les photos, celles-ci s’affichaient sur un écran, permettant aux neuf mannequins d’un jour de se découvrir pendant la séance. « Il y a eu beaucoup d’émotion. Certains ont pleuré de bonheur devant leur image. Ce fut une expérience profondément touchante. » Une expérience vouée à être partagée : deux portraits de chaque participant ont été affichés sur les grilles du jardin Darcy en février. L’exposition, forte, émouvante, va maintenant voyager. Le CHU de Dijon puis l’hôpital de Dole et le CHU de Besançon vont la présenter. Mission accomplie.
La Photothérapie by Laëtitia
Se réapproprier son corps après une épreuve, c’est l’un des objectifs de la « mode thérapie » by par Laëtitia Devaux, fondatrice de D-Click Studio. À 38ans, la dynamique photographe connaît parfaitement le milieu de la mode et des shootings pour avoir posé devant les appareils pendant huit ans avant de passer derrière. « La photothérapie existe déjà, mais j’ai voulu y intégrer cette dimension mode en donnant l’accessibilité à tous à un book photos digne d’une publicité ou d’un catalogue. » Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, avec ou sans handicap, qu’il soit visible ou invisible, elle ouvre la voie à une expérience comme seules les professionnelles du mannequinat peuvent en vivre, « à condition de faire une taille
allant du 34 au 38 » ironise-t-elle. Entourée d’un styliste, d’un coiffeur et d’un maquilleur, Laëtitia Devaux met en place une véritable séance photo. « Je veux obtenir un résultat mode et valoriser les personnes, leur montrer ce que je vois et qu’elles ne voient pas. Les gens sont beaux dans leurs différences et il faut qu’ils le sachent aussi ! »
d-clickstudio.com
“Les gens sont beaux dans leurs différences et il faut qu’ils le sachent aussi ! ”
Laëtitia Devaux