Nous rencontrons la première adjointe au maire de Dijon dans son grand et majestueux bureau, au premier étage du palais des ducs et des États de Bourgogne. Vue imprenable sur la cour d’honneur et la place de la Libération. Interview libre, tous les sujets sont à l’ordre du jour, sans tabou, même l’ambition qu’on lui prête de devenir maire de la ville un jour. Au moment de débuter, Nathalie Koenders répond sur son mobile, c’est le collège qui l’appelle pour autoriser son fils à sortir plus tôt de l’établissement. Ce qui nous inspire la première question de l’entretien…
[Femmes en Bourgogne] Il est malaisé de demander à une femme comment elle fait pour concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle car c’est le genre de question qu’on ne pose jamais à un homme. C’est une question genrée, non ?
[Nathalie Koenders] En tout cas, c’est un vrai sujet. Beaucoup d’hommes dans notre génération et les suivantes s’investissent dans la vie du foyer, de la famille, mais, malgré tout, les femmes restent globalement plus engagées. La multitude de tâches qu’elle remplissent leur donnent l’impression de vivre plusieurs vies et exigent d’elles une organisation de tous les instants. Je reconnais aussi que notre niveau d’exigence sur les tâches ménagères est tel que nous préférons parfois faire nous-mêmes. Nous avons donc aussi un travail à faire pour nous dégager d’un système profondément ancré dans nos mentalités, pour libérer du temps pour notre vie professionnelle ou pour l’activité sportive, sans sacrifier l’une à l’autre. Nous rencontrons la première adjointe au maire de Dijon dans son grand et majestueux bureau, au premier étage du palais des ducs et des États de Bourgogne. Vue imprenable sur la cour d’honneur et la place de la Libération. Interview libre, tous les sujets sont à l’ordre du jour, sans tabou, même l’ambition qu’on lui prête de devenir maire de la ville un jour. Au moment de débuter, Nathalie Koenders répond sur son mobile, c’est le collège qui l’appelle pour autoriser son fils à sortir plus tôt de l’établissement. Ce qui nous inspire la première question de l’entretien…C’est pour cela que vous portez, à la ville de Dijon, une politique volontariste en matière d’égalité femmes-hommes ?
Notre démarche en faveur de l’égalité et contre les discriminations de toutes natures a été engagée pendant le précédent mandat. Nous avons été la première ville de France doublement labellisée sur ces deux sujets : c’est important de faire savoir ce que nous faisons, d’affirmer les choses en la matière. Ces labels, nous les assumons et nous devons faire en sorte qu’ils soient renouvelés, donc c’est un travail qui ne s’arrête jamais, et qui est aujourd’hui porté pleinement par une adjointe, Kildine Bataille. Cela se traduit par un processus transparent de nos recrutements, par la formation de nos personnels, par exemple celle des policiers municipaux pour l’accueil des femmes victimes de violences, par une stricte application évidemment de l’égalité salariale…
Sur quels dossiers travaille actuellement la première adjointe au maire de Dijon ?
Il y en a beaucoup ! Si je devais sortir les plus importants, je commencerais par l’ouverture de la Cité internationale de la gastronomie et du vin, le 6 mai. C’est l’événement phare pour la métropole cette année. C’est aussi le dossier le plus compliqué que nous ayons eu à gérer, en raison du nombre d’acteurs impliqués. Ce projet nous concerne toutes et tous car il porte l’enjeu de l’attractivité et du rayonnement de Dijon. Mais il est aussi important pour le quotidien des Dijonnaises et des Dijonnais : cette Cité bâtie à l’emplacement de l’ancien hôpital général nous évite une friche de plus de six hectares en plein centre-ville. Ma préoccupation est que les habitants s’approprient ce nouveau quartier, qu’ils s’y rendent le plus souvent possible, pour visiter une exposition, faire un achat, suivre une conférence ou un atelier de cuisine, s’offrir un restaurant, voir un film au cinéma. C’est un projet multiforme, avec de nombreuses dimensions, c’est ce qui fait son caractère enthousiasmant.
Quels sont vos autres dossiers ?
Je dirais ensuite les questions de sécurité et de tranquillité publique. Par exemple le sujet du recrutement des nouveaux policiers municipaux. C’est un métier en tension : nous avons beaucoup de mal à embaucher, comme toutes les grandes villes de France. Mais nous travaillons sur ce sujet, pour que notre police municipale, dans le cadre du contrat de sécurité intégrée que nous avons signé avec l’État, contribue concrètement à la tranquillité publique à laquelle aspirent les Dijonnaises et les Dijonnais. Nous prévoyons de créer un groupement d’intervention et nous poursuivrons son armement. Je voudrais parler aussi de la démocratie participative. Nous avons lancé avec succès les nouveaux ateliers de quartier, qui succèdent aux commissions de quartier que nous avions créées en 2002 et qui avaient besoin d’être réformées dans leur fonctionnement. Je suis très attachée à ce que les habitants participent activement à l’élaboration des politiques publiques et à la construction de la ville. Je rappelle volontiers que les outils de démocratie participative ne s’usent que si on ne s’en sert pas !
Beaucoup d’habitants, justement, demandent davantage de verdure, des arbres, des parcs, moins de « béton ». Que leur répondez-vous ?
Que nous partageons leur souhait, que nous menons une politique responsable sur le plan environnemental, autour des écoquartiers, de l’hydrogène et des énergies vertes, des mobilités douces… Un peu partout dans la ville, dans les cours d’école, dans les parcs, nous désimperméabilisons les sols et nous favorisons la création d’îlots de fraîcheur. En même temps, nous devons poursuivre la construction de logements et d’équipements. Tout l’enjeu est de maintenir le cap d’une ville qui concilie une grande qualité de vie avec un développement actif et attractif. J’ajouterais aussi que notre ville accueille, depuis la crise Covid, un grand nombre de Franciliens en quête d’un cadre de vie plus agréable dans une ville qui offre tous les services urbains dont ils ont besoin. C’est bien le signe que Dijon incarne cet équilibre.
C’est le signe aussi que l’image de la ville a pas mal changé…
Notre ville a réussi à s’ouvrir. S’ouvrir à tous les Dijonnais, s’ouvrir sur la France et l’international, tout en restant accessible et à taille humaine. On trouve ici les grands équipements et puis, à un quart d’heure, des espaces naturels préservés incroyables. C’est une chance de bénéficier d’un tel environnement. Je suis convaincue que nous sommes positionnés sur cette taille de ville qui a de l’avenir.
À vous écouter, on pourrait penser que vous êtes maire de Dijon ! Dites-nous franchement, Nathalie Koenders : une femme maire de Dijon, ce serait bien, non ?
Aujourd’hui, le maire de Dijon est un homme. Si une femme doit un jour être maire de cette ville, il faut qu’elle le soit parce qu’elle est compétente pour occuper ce poste, pas parce que c’est une femme. C’est ma conviction.
Bien sûr. Mais ce pourrait être vous…
Le mandat de maire est le plus beau de tous – je le pense, même si je n’ai pas exercé tous les mandats possibles. Améliorer la vie des gens au quotidien tout en portant une vision à 10 ou 20 ans, c’est un si bel engagement. Pour occuper ce poste, il faut aimer les gens et le terrain. C’est mon cas. C’est un projet qui me plairait, mais il n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant, je travaille au sein de l’équipe municipale et sous la conduite de François Rebsamen sur les dossiers importants pour les Dijonnais et pour la ville.
Vous trouvez malgré tout le temps de pratiquer encore le sport, qui est votre métier initial. Dijon, c’est un beau terrain de jeu, n’est-ce pas ?
Je vais nager une fois par semaine à la piscine du Carrousel, tôt le matin. Et dès que j’en ai le temps, le week-end et parfois en semaine, je continue de pratiquer la course à pied, de préférence en trail de manière à concilier sport et nature. Cela permet de se nettoyer la tête et de faire le point sur des dossiers. Il faudrait d’ailleurs penser à imaginer, dans le cadre d’un management innovant, des réunions en courant (rires). Mais bien sûr que Dijon est une ville sportive. Nous l’avons dotée d’équipements de bon niveau – je pense, parmi les derniers inaugurés, au skate parc – et la ville incite et soutient toutes les pratiques. Le sport est porteur de valeurs auxquelles je suis attachée : le sens de l’effort, la persévérance, l’humilité, le respect de l’autre. Il donne de la force, physique mais aussi mentale, psychologique. Quand vous êtes une femme dans un univers très masculin, je peux vous assurer que cela donne de la confiance en soi et de la force ! En sport comme en politique, quand on s’entraîne, on sait qu’il ne faut jamais rien lâcher, qu’il faut tout faire pour aller au bout, ne rien laisser au hasard, travailler sans relâche, et aussi qu’on ne gagne pas à tous les coups. Le sport m’apporte épanouissement, bien-être et aussi une certaine exigence vis-à-vis de moi-même.
“ Si une femme doit un jour être maire de Dijon, c’est
parce qu’elle en a les compétences, pas parce que
c’est une femme ”
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