Il est loin le temps où le bio était un phénomène de niche. Aujourd’hui devenu un incontournable dans nos cuisines, il souffre pourtant encore de quelques idées reçues. Yves Erpicum, gérant des Comptoirs de la bio à Ahuy, revient avec nous sur les tendances du moment.
Femmes en Bourgogne. En ce moment, nous entendons parler d’un essoufflement du marché du bio. Qu’en est-il réellement ?
Yves Erpicum. En effet, il y a eu une baisse du marché bio en 2022, qui a en réalité commencé en septembre 2021. Beaucoup de professionnels du bio se plaignent que le marché se soit essoufflé, mais je pense que cela était malheureusement prévisible. La faute à plusieurs choses : pendant la crise Covid, le marché du bio s’est très bien porté, car les gens ont pris le temps de cuisiner et ont sûrement pris de meilleures habitudes alimentaires. En revanche, en septembre 2021, avec la fin des confinements successifs, nous nous sommes rendu compte que la population s’est beaucoup plus tournée vers la restauration car elle avait besoin de se retrouver hors du foyer.
FeB. De votre côté, vous avez remarqué cet essoufflement pour votre enseigne à Ahuy ?
Y.E. Étrangement, dans ce contexte, les Comptoirs de la bio contredisent ce que je viens d’expliquer. Nous avons terminé 2021 à 0% de progression par rapport à 2020, quand le marché français était déjà à -9%. Pour 2022, nous sommes à +8%, contre -20% au niveau national.
FeB. En ce début 2023, le pouvoir d’achat est revenu au premier rang des préoccupations des Français. Comment les Comptoirs de la bio prennent-ils en compte cette réalité ?
Y.E. D’une manière générale, l’inflation entre octobre 2021 et octobre 2022 dans les magasins non-bio, c’est 10,4% d’augmentation des prix. Dans les magasins bio, nous sommes à +3,8%. Nous connaissons certes une petite hausse des prix, mais qui est beaucoup moins importante que celle rencontrée dans les enseignes traditionnelles. En parallèle, nous continuons de mettre en place des promotions, par exemple les fruits et légumes à prix “content” (c’est comme un prix coûtant, mais qui s’engage autant auprès des consommateurs que des producteurs et fournisseurs) du vendredi au dimanche. Nous proposons aussi des promotions à prix cassés deux fois par mois.
FeB. Vous avez aussi lancé un menu à moins de 5 euros chaque semaine.
Y.E. Exactement ! C’était vraiment une volonté de notre part de proposer ce genre de concept. Chaque semaine, vous avez entrée-plat-dessert à moins de cinq euros par personne. Cette semaine, nous proposions par exemple un velouté de lentilles vertes à la crème coco, un riz sauté à la carotte et tofu fumé et une mousse au chocolat et avocat. Ça permet de donner des idées pour se faire plaisir en cuisinant. Nous avons aussi un système de recettes disponible en ligne, pour donner un peu d’imagination.
FeB. Finalement, c’est aussi ça le bio : réapprendre à manger mieux et à prendre son temps de cuisiner.
Y.E. Bien sûr. C’est vrai qu’il y a encore pas mal d’idées reçues qui tournent autour du bio. Mais ce n’est plus une tendance de niche. Nous avons certes plus de femmes qui viennent faire les courses, mais nous souhaiterions faire comprendre que tout le monde est le bienvenu ici. D’une manière générale, un produit bio sera plus cher si on le compare avec un produit de grandes et moyennes surfaces. En revanche, quand on mange bio, on fait les courses différemment et on cuisine donc, finalement, je pense que ça revient moins cher que d’acheter en conventionnel. Souvent, nos fruits bio sont d’ailleurs moins chers qu’en grandes surfaces. Le vrac aussi par exemple, c’est un excellent moyen de faire ses courses. Nous avons plus de 300 références disponibles en magasin et le plus souvent, les prix sont plus attractifs.
Le panier gourmand du comptoir
L’équipe des Comptoirs de la bio a relevé le défi du panier gourmand. Elle nous dévoile ses coups de cœur du moment.