Vanessa Le Mesnil a posé ses valises à Dijon il y a vingt ans. Oiseau de nuit depuis sa plus tendre enfance, la gérante et cofondatrice du Melkior en a, des anecdotes sur les différents établissements qu’elle a dirigés. Consciente des moments extraordinaires qu’elle a vécus
et néanmoins tournée vers l’avenir, cette Vosgienne d’origine ne fait désormais plus qu’une avec Dijon, la noctambule.
Faire danser les gens est une affaire de famille. Les bals montés de son grand-père et de son oncle, l’hôtel-bar-tabac de ses parents… Vanessa Le Mesnil est tombée dedans lorsqu’elle était petite. À Bulgnéville, dans les Vosges, l’établissement familial, officiellement « Hôtel-bar-tabac de la Poste » avait été rebaptisé par les habitués « Chez Lombardo », du nom de son grand-père. La puissance du collectif, le caractère socialisant de tous ces lieux de fêtes ou du quotidien, voilà ce à quoi nous ramène le récit de Vanessa Le Mesnil.
« J’aime dire que le Melkior,
VANESSA LE MESNIL, GÉRANTE ET COFONDATRICE DU MELKIOR
c’est un bal 3.0. »
Reprendre le flambeau
Après avoir repris les bals montés de son grand-père, son père décide d’ouvrir, derrière l’un d’entre eux, la première boîte de nuit que connaîtra la famille : le « Pacha », à Aulnois. Habituée à donner un coup de main à la caisse pendant ses vacances scolaires, Vanessa, après des études en communication et en commerce à Nancy, en reprendra la gérance, avec son mari, Christophe, de 1997 à 2002, avant que le club ne change de mains. En parallèle, ce sont ses frères qui, en 1993, reprennent, à Nancy, une discothèque au nouveau nom évocateur pour les Dijonnais : Le Chat Noir. Le 21 juin 2004, Vanessa et Christophe Le Mesnil rachètent « Le Privé », au 20 avenue Garibaldi. Hasard de la vie, c’est une fête de la musique qui marquera le début de leur vie dijonnaise. Après plus d’un mois de travaux, Le Chat Noir, future institution dijonnaise, ouvre ses portes, le 30 juillet. Lorsque Vanessa arrive à Dijon, la capitale des ducs compte déjà pas moins de huit boîtes de nuit. Le contexte a changé, mais Le Chat Noir, lui, a su évoluer. Les tout premiers temps, c’était chemise obligatoire. Mais Le Chat Noir a aussi bien accueilli les Dijonnais qu’il a été façonné par eux. « Les années 2000 ont fait entrer l’électro dans le club, au fur et à mesure des guests que nous avons reçus », nous raconte la maîtresse des lieux. David Guetta, Bob Sinclar, Martin Solveig, Laurent Wolf, Martin Garrix, Benny Benassi ou encore Laurent Garnier : « Le Chat » a vu passer les plus grands noms des scènes électro sur ses platines.
LE LIEU FESTIF DE DEMAIN
En 2006, le sous-sol du Chat Noir voit naître sa meilleure amie, La Souris Blanche, qui laissera sa place au Bal’tazar en 2011 – des clubs toujours estampillés Le Mesnil. Le Chat Noir tira sa révérence le soir du 18 juin 2018, après avoir réjoui les Dijonnais et fêtards de tous horizons pendant 14 ans. Une belle vie de chat. Après deux mois de travaux, le Bal’tazar est rejoint par un évident comparse : le Melkior. « Si on devait décrire le Melkior, je dirais que ce n’est ni un bar, ni un club, et, en même temps, un peu tout ça à la fois. En pensant à mon grand-père, j’aime dire que, le Melkior, c’est un bal 3.0 », nous confie Vanessa. En accueillant des orchestres, des lives, ou des événements comme un comedy club, et en proposant chaque mercredi des karaokés, le Melkior renoue avec les racines familiales : « Les dimanches, j’assistais, petite, aux “après-midis playback” du Pacha », se rappelle la gérante. Le Melkior, Vanessa l’a voulu hybride, afin qu’il puisse vivre et vibrer au gré d’événements divers et variés. « Le jeudi, nous accueillons principalement une clientèle jeune, clubbeuse, et le Melkior joue alors pour beaucoup le rôle de before du Bal’tazar. » Pour réunir à nouveau toutes les générations, comme seul le Melkior sait le faire, et pour fêter les 20 ans de l’établissement, le premier week-end de juillet verra renaître le Chat Noir. Le temps d’un vendredi et d’un samedi soir, les plus belles heures du « Chat » seront à revivre au Melkior au rythme des meilleurs sons de la décennie 2005-2015, mixés par le célèbre DJ Laurent Wolf et Philip Aelis, DJ résident durant les belles années du Chat Noir (2009-2011) spécialement de retour pour ce « Chat Noir Revival ». La bonne nouvelle selon nous, c’est que les chats, dit-on, ont sept vies !
Le Melkior
20, avenue Garibaldi à Dijon
Tél. 06 03 96 06 53
www.melkiordijon.fr
Texte : Alban Salmon – Photographie : Jonas Jacquel