Les pleins et les déliés de la calligraphie latine n’ont plus aucun secret pour Jodie Bougaud. Cette Dijonnaise, titrée « Enlumineur de France », les transmet avec passion et patience aux petits et aux grands. Proposés sur happybourgogne.com, ses ateliers permettent de s’initier aux bons gestes de ce savoir-faire médiéval. Ad litteram.
Par Hélène Le Héno
Photos : Christophe Remondière
100 % Côte-d’Orienne et petite-fille de viticulteur, Jodie, malgré les apparences, n’a pas d’origines anglo-saxonnes. Dans la famille Bougaud, c’est une tradition : les prénoms des enfants commencent par la lettre J. Serait-ce un signe, ou plutôt cette lettre, à l’origine de sa vocation de calligraphe et d’enlumineur ? En tout cas, Jodie a très vite fait entrer l’art et la littérature dans sa vie. « J’ai toujours suivi des cours de dessin et je suis passionnée par les lettres anciennes. Je me destinais d’ailleurs à être professeure d’ancien français à l’université. C’est la confrontation avec un manuscrit du XIIIe siècle durant mon année de master en linguistique qui a décidé de mon changement d’orientation », confie cette grande lectrice. Elle s’intéresse alors à la paléographie, puis pour mieux la maîtriser se tourne vers la calligraphie et l’enluminure. Dans la foulée, elle quitte la cité des ducs de Bourgogne pour le berceau des Plantagenêts et intègre l’Institut supérieur européen de l’enluminure et du manuscrit d’Angers (ISEEM). Elle s’y forme pendant deux ans et en ressort en 2015 avec le diplôme d’« Enlumineur de France ». Un titre rare puisqu’actuellement en France, ils ne sont qu’une soixantaine à le posséder.
Calames et plumes d’oie
Avant de commencer son atelier qui dure deux heures, Jodie présente le matériel utilisé. En premier lieu, les outils qui servent au tracé. Ils sont les mêmes qu’au Moyen Âge. Le calame, un bambou ou un roseau taillé, permet l’étude des manuscrits du IVe siècle. Alors que la plume d’oie est employée pour copier des calligraphies réalisées après le IXe siècle. Les deux sont utilisés sur un papier au grammage moyen. Pour les encres, Jodie les crée elle-même à partir de recettes médiévales à base d’extraits de noix de galle, de sulfate de fer, de gomme arabique et d’eau.
Pleins et déliés
L’atelier démarre par un quart d’heure d’échauffement avec des petits mouvements de rotation des articulations (poignet, bras et épaules). Ils aident à mieux tenir l’outil, à le saisir de façon optimale afin de bien gérer son encre, l’une des difficultés majeures du débutant. Ne pas en mettre trop au risque de faire des « pâtés » et de ne plus pouvoir effectuer de déliés, les traits fins et minces. Ou en prendre trop peu et ne plus arriver à finir le mouvement des pleins, les tracés épais.
Le programme enchaîne ensuite avec la copie des lettres de l’alphabet. Chacune se décompose en plusieurs mouvements. La plus facile à exécuter pour un novice est la lettre C. Suivant la progression, des mots puis des phrases sont recopiés. Jusqu’à ce que l’élève s’imprègne de la technique et la reproduise au gré de son inspiration sur d’autres supports. « Mon objectif est de transmettre cette technique médiévale, tout en proposant de la sortir de ses fonctions originelles. L’intégrer lors de la création de bijoux par exemple », précise la souriante Jodie.
Elle-même aime travailler sur des calligraphies anglaises, ses préférées, qu’elle trouve plus modernes, élégantes et lisibles pour réaliser des illustrations numériques. Une technique médiévale qui a aussi sa place au XXI e siècle.
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Happy Bourgogne en bref
• Lancement en mai 2017 par Benjamin Magnen, le fondateur de la Péniche Cancale à Dijon
• 1re plateforme régionale d’activités
• 123 expériences proposées en ligne par 88 acteurs locaux
• 4 thématiques d’activités : Vins & Gastronomie, Sport & Nature, Patrimoine & Artisanat, Insolite & Inclassable
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